Kompass-Newsletter No 41 – July/August 2015

+++ Du 23 au 28 juillet à Francfort: projet Shelter et PrekärStation +++ 2 août à Barcelone: Invisible Borders Action +++ du 15 au 27 août: Back to the borders III aus Lesvos +++ du 21 au 23 août: Break-Isolation-Days: conférence fédérale de réfugié-e-s à Hanovre +++ pour le 6 sept en Tunisie: Freedom Ferry Action +++ Sea Watch – première intervention de sauvetage et point sur la situation en mer méditerranée centrale +++ Campagne Ferries not Frontex +++ Route des Balkans, nouvelle clôture et protestations en Hongrie +++ Comment continuer après le durcissement des droits d’asile? +++ Et d’autres retours: action avec des embarcations à Strasbourg, une semaine de manif syrienne à Dortmund, les morts arrivent… à Berlin +++ Perspective: Social Transnational Strike – Conférence du 2 au 4 octobre à Poznan +++

Chères amies et chers amis!

Exceptionnellement, nous ne sommes pas en début de mois pour la parution de cette newslettre. Comme nous l’avons indiqué sur notre site web, nous avons décidé de ne publier qu’un seul numéro pour les mois de juillet et août. L’introduction est un peu plus longue que d’habitude car il c’est passé plein de choses ces derniers temps. On peut parler de «pleine saison».

Pour commencer avec une information durable aux frontières extérieures de l’UE

Il était prévisible qu’autant de Boatpeople se sont mis en chemin cet été. Exagérément, il a été formulé que le régime de contrôle des frontières est en ce moment complètement envahi par «l’acharnement des mouvements de migration », et que l’opinion publique, jusqu’à présent critique vis-à-vis de ce mouvement, devient progressivement un facteur de soutien important pour ce mouvement. Un exemple de la mer méditerranée centrale: de nombreuses personnes de la société civile observent, interviennent, agissent et sauvent des vies, à travers des projets où elles sont des témoins visuels (projet Sea Watch) et des témoins auditifs (projet Alarmphone). Voir ci-dessous pour plus d’infos avec quelques liens.

«Nous devons voir les morts. Leur dernière calme demeure doit devenir notre agitation politique.» Cette phrase est apparu dans la vidéo de mobilisation du «Zentrum für politische Schönheit» (voir ci-dessous), qui a, mi-juin dans le cadre de la campagne «les morts arrivent», appelé à une «marche des déterminé-e-s» vers le ministère de la chancellerie. Certes, on pourrait discuter sur des questions telles que: comment des commémorations portées par la colère sont-elles possibles? Comment une action artistique peut-elle être juste pour les membres des familles concernées? Mais en fin de compte, plus de 5000 personnes ont participé à la manif contre «les meurtriers bureaucratiques de Berlin»! Et la campagne a en tout cas contribué à une plus large publication dans la presse de la situation sur le «laisser mourir» en mer méditerranée.

Contre le régime mortel de contrôle aux frontières, «Fähren statt Frontex» reste notre demande centrale, pour des routes de passages plus sûres. Une campagne sur ce thème a été lancée en juin lors d’une rencontre à Francfort (voir cidessous). Cette campagne doit se répandre sur toute la mer méditerranée, mais aussi sur la mer Égée, où toujours plus de personnes chavirent et se noient lors de la traversée. Sur les îles grecques, il y a à présent plus de personnes qu’en Italie, la situation actuelle tend à devenir un état d’urgence. Celui ou celle qui arrive enfin à aller jusqu’à Athènes se retrouve confronté-e aux frontières fermées de l’Europe intérieure, et des milliers n’ont pas d’autre choix que de se mettre en chemin sur la route de Balkans vers le centre et le nord de l’Europe. Aux frontières entre la Grèce et la Macédoine ainsi qu’entre la Serbie et la Hongrie, des drames incroyables s’y déroulent lorsque des réfugié-e-s et des migrant-e-s rencontrent des officiers de frontières brutaux, où il y aura bientôt de nouvelles clôtures. Parallèlement, il est remarquable que de nouveaux réseaux de soutien se développent à plusieurs endroits le long de cette route (voir ci-dessous à propos de la Hongrie et de la Grèce).

«Dublin est en fait quasiment mort»

Statistiquement, l’écart augmente toujours plus entre les chiffres de demandes de transfert vers la Hongrie ou l’Italie par exemple, et les expulsions réelles. C’est en premier lieu du à l’acharnement des mouvements de migration qui ont complètement effrité ce décret de l’UE. Réfugié-e-s et migrant-e-s s’opposent sous toutes les formes contre ce déplacement entre les frontières intérieures de l’Europe. A chaque occasion possible, ils-elles refusent de donner leur empreinte digitale dès l’entrée dans le pays d’arrivée, et même si par exemple une expulsion vers Budapest ou Rome a été effectuée dans la violence, les personnes concernées essaient de revenir et tente leur chance une fois de plus. D’innombrables expulsions sont contestées juridiquement et aboutissent avec succès, ou sont rendues impossible grâce à l’asile de l’église, ou bien sont empêchées par des blocages directs. La tentative de contrebraquer cette crise avec des quotas, plutôt symboliques, de répartition de réfugié-e-s par pays, a également échoué dans les semaines passées. Dublin fait l’effet en ce moment de menaces vides, essayant désespérément de se maintenir, plus par principe et pour poursuivre l’intimidation exercée par les hommes de pouvoir. Mais ces dysfonctionnements sont plus que visibles (plus d’infos dans la nouvelle édition de http://www.hinterlandmagazin.de/).

La défaite amère du durcissement du droit d’asile

Nous ne voulons pas tout dépeindre en rose: dans des cas particuliers, Dublin continue d’être utilisée pour justifier des expulsions et comme moyen de menace, comme actuellement contre un réfugié à Hanovre. En plus de cela, comme on pouvait le redouter, la nouvelle «loi sur la nouvelle détermination du Droit de rester et sur l’achèvement du droit de séjour» a été adoptée début juillet au Bundestag (voir ci-dessous). Cette loi donne aux autorités d’expulsion des possibilités supplémentaires d’incarcération, en particuliers concernant la procédure de Dublin. La grande victoire de ces dernières années, d’avoir largement rejeté des rétentions à des fins d’expulsion, est à présent remise en question. Et cette défaite nous montre clairement la limite du mouvement antiraciste. Décentralisée, diversifiée et composée différemment, la résistance contre les exclusions et les expulsions s’est développée de manière fulgurante ces dernières années, et pourtant, cette initiative solide et coordonnée ne suffit pas contre une nouvelle loi fédérale. Ça reste un des challenges les plus importants de la gauche antiraciste.

«Oxi», vers un régime de crise et de migration…

Le deuxième challenge consiste à continuer à développer des «ponts» théoriques et pratiques vers d’autres domaines de la société. Par exemple en Grèce: très impressionnant, avec l’oxi, le Non du référendum, qui, grâce à une majorité de la population grecque, est allé à l’encontre de la politique d’austérité des institutions. Le 20 juin, venant du mouvement de Blockupy, il y a eu entre autre la tentative d’organiser une grosse manif à Berlin, qui voulait rassembler de manière solidaire la Grèce et les réfugié- e-s. La mobilisation est restée modeste, à l’image (après les ordres d’oppression des dirigeants allemands) des protestations restées de petite envergure dans plusieurs villes. Le problème de la mobilisation ne sera pas solutionné par une plus forte participation du mouvement antiraciste, mais cependant, en ce moment avec la Grèce, foyer des luttes migratoires dans le sud de l’Europe, le lien s’est particulièrement resserré. «Welcome to Europe» avait répandu un slogan avant le référendum, voir le lien ci-dessous: https://www.facebook.com/notes/welcometo-europe/a-no-is-a-yes-for-a-social-anddemocratic-europe-forall/930463680329738 Mais il reste difficile de créer plus d’échanges.

Une initiative est apparue à la suite de la rencontre internationale Blockupy, que nous avons déjà mentionné dans la newslettre précédente, et qui propose au mouvement antiraciste une nouvelle approche supplémentaire. Le terme de «grèves sociales transnationales» invite à un processus global. Dans un appel actuel lors d’une conférence en octobre à Poznan (vois ci-dessous), il a été dit: «Un nouveau régime de mobilité crée des hiérarchies entre les régions européennes et essaie de restreindre les mouvements des migrant-e-s à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE. Les chaînes de production et de «care work» (s’occuper d’autres personnes), qui s’éparpillent partout en Europe, utilisent les différents niveaux de salaire et les différentes lois sur le droit du travail pour augmenter leurs profits. … Actuellement, beaucoup de luttes sur les salaires, logements, accès au système social et sur la liberté de mouvement ont lieu en Europe. Venant de domaines différents, elles se tournent toutes contre l’attaque actuelle sur nos conditions de vie et de travail. Aux vues de la dimension européenne et transnationale de cette attaque, on voit clairement la nécessité de surmonter son isolation et la nécessité de trouver ensemble des priorités.

Salutations antiracistes,

l’équipe Kompass

Kompass-Newslettre Nr. 41 – Juillet/Août 2015 (pdf)